Illustrateur, c’est ainsi que je décris mon activité. C'est la définition, certainement trop vague d'une occupation, qui dure depuis presque trente ans. Car il est possible d'illustrer un article avec des citations ou des exemples, d'émailler un compte-rendu avec des cartes et des graphiques. Enfin, les journaux et les magazines illustrent leur rédactionnel avec des photographies.

Moi, je dessine. Je réalise des petites compositions, faites entièrement à la main, afin de rendre attractives les couvertures de ces livres qui vous sollicitent dans les halls de gare. Car, encore plus restrictif, je ne fais que dans la littérature populaire. Personnellement, je ne vois rien de dévalorisant dans cela, et pour aucun parti.

Je suis né au milieu du siècle dernier, à Paris. C’est au début des années soixante-dix que je m’inscrivis à l’Académie Julian, devenue l’Atelier Met de Penninghen,  afin de faire profession de ce qui était jusque là un hobby. Le soir, je faisais des croquis à l’école du Boulevard Montparnasse et parfois même l’après-midi, à l’académie de la Grande Chaumière.

Au terme de ces années d’études, rien ne fut vraiment difficile et c’est rapidement que je suis entré dans la profession. En voici un survol, avec certainement de nombreux oublis.

 

154 couvertures  de 1979 à 1989.

 35 titres de 1994 à 1998.

22 titres de 1992 à  1995.

 'intégrale. 4 volumes  de 1993 à 1994.

 l51 titres réalisés.

 6 titres de 1986 à 1987.

30 jaquettes  de  1988 à  1991.

Pocket junior: 5 titres

Abécédaire de  A à J,

9 titres depuis 1993.

Albin Michel: 5 titres

Christopher Carter: 6 titres  2000-2001
       
1977: Editions du Cygne
1981: CASTERMAN
1981: Editions du Fromage 1982: ALBIN MICHEL

 

1984: ALBIN MICHEL

1988: humanoïdes  associés.

1987: humanoïdes associés. 1989: humanoïdes associés.

 

   
 

Version revisitée et couplée
avec FOOLISHBURY
1995: Soleil Production

Nouveau texte,
30 planches inédites
1995: Soleil Production
 

Une Nuit dans la Grande Bibliothèque Une Nuit à la L'Institut Médico-légal
Une Nuit au au Muséum Une Nuit à L'Institut Océanographique
 

Jean-Claude Claeys s’est fait connaître comme l’auteur-dessinateur de Magnum Song, singulière bande dessinée en noir & blanc des années 80, où le talent d’un Gustave Doré graveur se mêle à un hyperréalisme encore mal introduit en France. Avec ce titre et Paris-Fripon, le garçon jette un pavé dans la mare : une sensualité jusque-là traitée par la dérision des Comics de l’après 68, de Pilote à L’Écho des Savanes, fait irruption, dramatique ; elle fait penser à la peinture photoréaliste américaine, mais version manière noire. Un ton inédit, qui diffuse un parfum de gravure, est donné. C’est une sorte de « nouvelle figuration » qui vient secouer la bande dessinée et fait des admirateurs étonnés.  

Parallèlement, Claeys illustre pour Hélène et Pierre-Jean Oswald toutes les rééditions policières de sa collection le Miroir Obscur : l’univers noir des polars de J.H. Chase, Ed McBain, Fredric Brown, les romans d’aventure d’Edgar Wallace, le fantastique de Richard Matheson, de Robert Bloch, conviennent à merveille à cet homme qui semble, dans le domaine de l’édition, réhabiliter l’illustration. Comme s’il avait fallu presque quarante ans pour que certains auteurs se voient gratifiés des images qui collent à leurs textes, exception faite des images mouvantes des adaptations du cinéma noir américain, auquel l’artiste n’hésite pas à se référer. Un William Irish illustré par Claeys, c’est à la fois l’humble fidélité de l’illustrateur par rapport au romancier, mais aussi un élément de la constitution du monde singulier du dessinateur. Les 140 couvertures qu’il laisse à cette collection policière fameuse, aujourd’hui épuisée et recherchée des amateurs, en sont une base. Une Amérique ou une Angleterre rêvées d’après des films et photos, où le dessinateur n’est sûrement jamais allé, nourrissent un monde mental plus riche que toute impossible vérité. Claeys rassemble son iconographie ici ou là, réinventant aussi à partir de clichés pris en France : repérages de décors, habitations étranges, quartiers en friche, véhicules exotiques, travail chez soi sur des modèles réduits… Il finit par s’installer en Provence, près d'Avignon, où l’on invente l’Amérique au calme et, selon sa méthode, pas plus mal qu’à Paris ! 

Travaillant avec des modèles qui se verront projetés vers le Nouveau Monde, Claeys en photographie les poses dans des lumières déjà contrastées, forcées à son goût, ouvrant sur ses contrastes de plume. Un modèle féminin peut, sous ses éclairages puis ses pinceaux, prendre cent visages, comme l’auteur se retrouve sans cesse dans les personnages masculins de ses dessins, toujours changé, méconnaissable, puis à nouveau identifié par l’œil connivent… Celui de qui sait voir les figures et objets de ce monde s’accumuler, se diversifier autant que se répéter, revenir, tourner dans le grand carrousel de ce manipulateur.  Avec les couvertures des Hitchcock magazine, puis surtout avec celles des policiers que lui commande la collection Le Livre de Poche, Jean-Claude Claeys se diversifie vers la couleur. Il la réserve aux décors, accessoires, vêtements. Elle n’atteint pas les corps – à moins que ne s’y risque un bijou – et laisse visages et chairs dans le contraste gris de cette encre de Chine qui modèle les êtres dans la glaise noire.  

Publicité, affiches de festivals aussi figurent parmi les nombreux originaux qu’il a choisi de nous rendre proches… On n’imagine pas que les images de l’illustrateur, qui ont pour vocation, comme la photographie, d’être infiniment reproduites, naissent d’abord du support et du travail le plus singulier...

Jean-François Jung